vendredi 2 août 2013

Suite de la lecture suivie de Faust



C’est bien beau tout ça mais il faut que je retourne à Faust. Avec les albums du groupe krautrock homonyme.

On est à la Cave d’Auerbach à Leipsig. Des joyeux compagnons qui boivent et chantent des chansons connes. Méphisto veut montrer à Faust qu’il saura maintenant exceller dans un milieu de ce type où il s’est toujours senti mal-à-l’aise et un peu jaloux.

Chaque jour est ici pour le peuple une fête nouvelle ; avec peu d’esprit et beaucoup de laisser aller, chacun d’eux tourne dans son cercle étroit de plaisirs, comme un jeune chat jouant avec sa queue ; tant qu’ils ne se plaignent pas d’un mal de tête, et que l’hôte veut bien leur faire crédit, ils sont contens et sans soucis.

C’est cette simplicité que Faust enviait, tandis que son serviteur Vagner la méprisait. Les joyeux lurons sont intrigués en les voyant arriver. Ils essaient de les piéger pour se payer leurs têtes.

Méphisto dit à Faust :
Les pauvres gens ne soupçonnent jamais le diable, quand même il les tiendrait à la gorge.

Plus on est convaincu de l’existence de Dieu, plus on lui donne la possibilité d’agir dans notre vie. C’est exactement le contraire pour le diable : moins on croit à son existence, plus il a de lousse pour agir.C'est pourquoi Baudelaire a pu dire que la plus grande victoire du diable a été de convaincre qu'il n'existe pas.


Puis les convives demandent à Méphisto une chanson. Il s’exécute et fait évidemment fureur.

Méphisto fait ensuite son « premier miracle » et reprend celui du Christ lors des noces de Cana. C'est-à-dire qu’il perce le bord de la table avec un foret pour en faire sortir le vin qu’il a demandé préalablement aux convives de choisir.

Débouchez les trous et buvez! (-en tous?)

Faust veut s’en aller mais Méphisto le retient par ces mots :

Encore une minute d’attention, et tu vas voir la bestialité dans toute sa candeur.

(Je ne me souviens pas ce qui s’en vient, j’ai lu Faust il y a 20 ans. Je suis fébrile….)

Le vin coule par terre et se transforme en flammes. Panique.

Calme-toi mon élément chéri.

Connerie! Le feu est à Dieu. Le feu symbolise l’Esprit-Saint. L’élément chéri du diable est le feu du pourrissement. Il dit d’ailleurs qu’il ne s’agissait que d’une goûte de feu du Purgatoire, ce qui est une connerie encore plus grosse. Un peu déçu mon cher Johann Wolfgang.

Quoi qu’il en soit, la chicane pogne, mais Méphisto leur envoie un sort qui fait en sorte de confondre leurs esprits. Il fait disparaître l’illusion du vin (ce n’était qu’une illusion contrairement à Cana) et disparaît avec Faust. Sa malice est bien rendue dans ce tableau et on éprouve un véritable malaise.

L’acte suivant est dans la cuisine d’une sorcière.

(Dans un âtre enfoncé, une grosse marmite est sur le feu. À travers la vapeur qui s’en élève, apparaissent des figures singulières. Une guenon, assise près de la marmite, l’écume, et veille à ce qu’elle ne répande pas. Le mâle, avec ses petits, est assis près d’elle, et se chauffe. Les murs et le plafond sont tapissés d’outils singuliers à l’usage de la Sorcière.)
Faust est déçu :

Tout cet étrange appareil de sorcellerie me répugne ; quelles jouissances peux-tu me promettre au sein de cet amas d’extravagances ?

Non, tu n’as pas fait une bonne affaire! Cependant, il se demande s’il n’y a pas dans cette marmite une potion qui pourrait lui ôter 20 ans. Alors ça, ce serait pas mal… On comprend que c’est bien de cela qu’il s’agit. Puis Faust regarde un miroir et y voit la plus belle femme qu’il a jamais vue.

Quelque chose de pareil existe-t-il sur la terre ?

À quoi Méphisto répond :

Naturellement, quand un Dieu se met à l’œuvre pendant six jours, et se dit enfin bravo à lui-même, il en doit résulter quelque chose de passable.

La sorcière arrive et elle est bien fâchée de voir des intrus chez elle. Elle attaque. Puis elle reconnait son maître et prend son trou. Elle s’excuse de ne pas l’avoir reconnu. Elle demande à Méphisto ce qui est advenu de ce qui aurait pu lui permettre de le reconnaitre. Réponse :

La civilisation, qui polit le monde entier, s’est étendue jusqu’au diable ; on ne voit plus maintenant de fantômes du nord, plus de cornes, de queue et de griffes ! Et pour ce qui concerne ce pied, dont je ne puis me défaire, il me nuirait dans le monde, aussi, comme beaucoup de jeunes gens, j’ai depuis long-tems adopté la mode des faux mollets.

Quelle mode d’aujourd’hui a-t-il adopté maintenant? Du Prada?

Elle l’appelle M. Satan. Réponse :

Point de nom pareil, femme, je t’en prie ! […] Depuis bien des années il est inscrit au livre des fables ; mais les hommes n’en sont pas pour cela devenus meilleurs : ils sont délivrés du malin, mais les malins sont restés.

On appelle maintenant « maladie mentale » d’évidentes possessions et obsessions démoniaques.

Il demande du breuvage pour Faust. La sorcière fait des incantations. Faust est ennuyé.
Méphisto :

L’homme croit d’ordinaire, quand il entend des mots, qu’ils doivent absolument contenir une pensée.

On le croit de moins en moins.

Faust boit la potion. Il est temps de partir. Faust veut regarder une dernière fois l’image de la femme qu’il a vue dans le miroir. Méphisto lui répond qu’il la verra bientôt en vrai. Puis il ajoute pour lui-même :

Avec cette boisson dans le corps, tu verras, dans chaque femme, une Hélène.

Il me semble que Chaucer aborde ce thème.

Puis c’est la SECONDE PARTIE

On est dans une rue. Faust voit Marguerite et l’aborde. Elle répond fièrement et s’enfuit. Faust est sous le charme. Il dit qu’elle est gravée dans son cœur. Méphisto arrive et Faust lui dit qu’il lui la faut. Réponse :

Celle-là ! Elle sort de chez son confesseur, qui l’a absoute de tous ses péchés : je m’étais glissé tout contre sa place. C’est bien innocent ; elle va à confesse pour un rien ; je n’ai aucune prise sur elle.

Faust le menace. Il se séparera de lui si la douce jeune fille ne repose pas dans ses bras le soir même. Réponse :

Vous parlez déjà presque comme un Français ; cependant, je vous prie, ne vous chagrinez pas. À quoi sert-il d’être si pressé de jouir ?

Il accepte quand même de mener Faust jusqu’à sa chambre.

Et je dois la voir, la posséder?

Combien de grands génies de ce siècle et du siècle passé étaient par ailleurs des gros cochons? Flaubert, Picasso, Hugo, Gainsbourg, Miller (Hein? Non pas Arthur, Henri)… L’archétype de l’intellectuel moderne, dis-je… La figure du roi Salomon me vient aussi en tête, mais c’était une autre époque. Seigneur gardez-moi du blasphème…

L’acte suivant est le soir même, dans la chambre bien propre et bien rangée de Marguerite. On voit qu’elle n’a pas été indifférente à ce monsieur qui l’a abordée ce matin. Quant à ce dernier, c’est bien évidemment la pureté et la modestie qui  le charment le plus chez Marguerite. Rage démoniaque de souiller ce qui est pur, comme dans les Liaisons dangereuses

Méphisto est allé chercher un cadeau pour Marguerite. Ils le laissent dans la chambre et sortent. Marguerite entre (elle était dans une chambre adjacente) et est frappée par la lourdeur de l’air. Elle se déshabille en chantant. Elle trouve la boîte et l’ouvre. De beaux vêtements et de beaux bijoux. Elle s’en pare et est éblouie. Difficile avec ce que j’ai vécu hier de ne pas penser aux cadeaux que ferait un pimp à une jeune fille qu’il voudrait recruter.

Acte suivant. Méphisto et Faust se promènent. Méphisto est enragé Faust lui demande ce qui lui prend. Réponse :

Pensez donc qu’un prêtre a raflé la parure offerte à Marguerite.

La mère de la jeune fille, capable de flairer ce qui est saint et ce qui est maudit a senti le danger. Faust exige un nouveau présent. Il n’aura qu’à s’attacher la meilleure amie de la belle. Coudonc, les pimps ont-ils lu Faust? L’amie en question s’appelle Marthe. La première chose qu’on apprend d’elle, c’est qu’elle s’est fait domper par son mari sans l’avoir mérité. Peine d’amour : proie facile. Marguerite entre et dit à son ami qu’elle a trouvé un nouveau coffre dans sa chambre. Il convient cette fois de ne pas en parler à la mère. Une parure grandiose. Trop pour qu’elle puisse le porter en public. Qu’à cela ne tienne, elle viendra chez son amie Marthe pour s’en parer à loisir.
Méphisto frappe et entre. Il dit à Marthe que son mari est mort et que sa dernière demande a été de faire dire trois cent messes pour lui. Marthe déçue se serait attendu à un bijou ou une médaille…

[Tiens, je vais essayer le disque de Faust avec Tony Conrad]

Après lui avoir conseillé de se prendre un amant, Méphisto rapporte les paroles de regret du mari qui demandait pardon à sa femme. Cette dernière, évidemment, lui pardonne tout.

« Mais, Dieu le sait, elle en fut plus coupable que moi ! »aurait dit le mari avant de mourir.

Marthe est outrée. Méphisto ajoute :

Il en contait sûrement à son agonie, si je puis m’y connaître. « Je n’avais, dit-il, pas le tems de bâiller ; il fallait lui faire d’abord des enfans, et ensuite lui gagner du pain..... quand je dis du pain, c’est dans son acception la plus étendue, et je n’en pouvais manger ma part en paix. »

Puis Méphisto dit à Marthe que son mari a engrangé une fortune mais qu’il ne sait pas où elle se trouve. Cependant, quelqu’un le sait peut-être. Il s’agit de son ami. Il demande s’il lui est permis de leur présenter.

[Je vais plutôt aller voir Faust Tapes]

Elles acquiescent et on se donne rendez-vous dans le jardin.

Acte suivant. Le boniment a été un succès. Marguerite proteste qu’un homme aussi distingué que lui ne devrait pas s’intéresser à une simple paysanne comme elle. Faust répond par un boulechitage en règle qui a visiblement l’effet escompté et ce, même s’il a essayé précédemment de convaincre Méphisto qu’il était sincère et qu’il brûlait vraiment d’amour pour elle.

Mais là je dois arrêter, mes deux plus vieilles ont terminé leur sieste d’après-midi. Suite plus tard…

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