Allons-y
donc avec quelque chose plus élevé : l’art et la science. Nietzsche,
Schopenhauer et les romantiques allemands ont défendu l’idée de l’art comme
moyen d’atteindre l’absolu… On vit avec les contrecoups de cette vision qui
nous fait voir Jimi Hendrix, Kurt Cobain ou Amy Winehouse comme des martyrs,
tandis qu’ils ne seraient que de misérables junkies s’ils avaient été autre
chose que des chanteurs. Même chose pour les autres arts. La figure de Nelly
Arcand me vient en tête. Une idole est un faux dieu. Et un faux dieu exige des
sacrifices humains. C’est quelque chose qui n’a pas changé depuis l’Antiquité,
même si ça peut paraître moins évident. Les faux dieux veulent mort d’homme, et
c’est ainsi qu’il est possible de les démasquer, de distinguer une passion
saine de l’idolâtrie. Tout suicide cache un faux dieu qui a eu besoin de la vie
de la victime qui s’est elle-même immolée.
Soit on se
sacrifie soi-même, comme dans les exemples mentionnés ci-haut, soit on en
sacrifie d’autres. Je ne nommerai pas les faux dieux qui ont besoin de réduire
des populations entières à l’esclavage pour fonctionner. Bon d’accord, il
s’agit du capitalisme globalisé des sweatshops. À l’opposé, le dieu-communiste
a eu besoin de 100 millions de morts pour se sustenter pendant 75 ans. Et il
semblerait bien que le dieu de certaines branches que je veux croire corrompues
de l’Islam soit particulièrement friand de la chair d’infidèles déchiquetée par
les bombes.
Mais je suis
sur le terrain économico-politique et j’ai dit que je parlerais d’art et de
science.
Tous les chemins mènent à Rome signifie
que si on s’engage assez avant sur une voie, on va déboucher sur l’Église une
et apostolique. C’est ce que nombre de romantiques Allemands ont expérimenté.
Si on ne s’y rend pas, c’est qu’on s’est arrêté en chemin et telle est
l’idolâtrie. On peut trouver beau de vouloir mourir pour une cause, mais il n’y
a qu’une seule Cause. Le reste est conséquence. Idolâtrer, c’est prendre la
conséquence pour la cause. La créature pour le Créateur. Il y a des degrés. À
l’étage inférieur, on va idolâtrer une créature sortie de mains
d’hommes (une figurine, une voiture ou un système économique), ce qui est
d’une vulgarité innommable. Juste au-dessus, on va prendre une créature de Dieu
pour Dieu même : un homme, le soleil, Mother
Earth, ou encore, comme dans le cas de Richard Dawkins, une loi de la
nature. Quelques dérives eugénistes au XXe siècle nous ont laissé entrevoir de quels
types de victimes ce mécanisme-de-fonctionnement-fait-dieu pourrait avoir
besoin d’ingérer pour pouvoir prétendre se maintenir au niveau du divin.
La science
et l’art sont parmi les activités les plus nobles auxquelles l’homme puisse
s’adonner en ce qu’elles pointent vers un chemin qui les transcende. Mais
l’homme occidental ne veut pas s’engager sur ce chemin. Telle est pourtant
l’utilité fondamentale de l’activité dans laquelle il s’engage corps et âme et
au-dessus de laquelle il place toute autre activité. S’il ne l’assume pas, il
est idolâtre.
Dans le cas
de la science, cette idolâtrie a donné lieu à une première dans l’histoire
humaine. Devant l’impossibilité manifeste qu’un tel niveau d’organisation soit
le fruit du hasard, l’astronome idolâtre a décrété (en sachant bien qu’il
n’aurait jamais aucun moyen de le vérifier) qu’il existait une infinité
d’univers ayant tous des lois de fonctionnement différentes. Ainsi est apparu,
pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le poly-panthéisme. Drôle d’époque, indeed. »
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