dimanche 17 novembre 2013

Je suis bouché!

Lise Payette pense qu'il faudrait débaptiser nos villages. Lise Payette, une des fondatrices du PQ si je ne m'abuse. Une belle-mère, une vraie. Décrocher le Crucifix de l'Assemblée nationale? Ce n'est que le début mes amis! Ils ne s'arrêteront pas en si bon chemin. Voici une autre illustration, s'il en était besoin, que ces laïcistes ne seront jamais contents.

On veut argumenter par l'absurde en disant: "Dans ce cas, pourquoi ne pas enlever la Croix du drapeau du Québec?" On veut convaincre l'adversaire de l'absurdité de son raisonnement en montrant ce qui en découle quand on en tire toutes les conséquences.

Il y a quelques mois, des éthiciens ont défendu l'idée de l'avortement post-natal. Actuellement, pour pouvoir tuer un enfant en toute légalité, il faut s'assurer que l'enfant soit mort alors qu'il est encore dans le ventre de la femme. S'il est vivant lorsqu'il en sort, alors il faut tenter de le sauver à tout prix. Absurdité abyssale, cela va sans dire. Alors quoi? Soit on interdit l'avortement, soit on permet l'avortement post-partum. (Évidemment, il faudra s'entendre sur la durée de ce "post"; si c'est Me Ménard qui s'en occupe, il risque d'être assez long.) On pense avoir piégé l'adversaire en l'ayant placé devant une contradiction inextricable jusqu'à ce qu'il en vienne... à défendre l'idée que l'avortement post-partum n'est pas une si mauvaise idée!

La même chose se produit ici. Ces gens sont des souverainistes comme je l'ai été passionnément en 1995. La seule vue du drapeau québécois me remplissait alors d'enthousiasme, et je me dis qu'il doit bien en aller de même de ces grands patriotes. Alors j'y vais pour l'argument suprême et leur dit que la laïcité telle qu'ils la voient devrait nécessairement nécessiter qu'on change ce beau drapeau qui, sans être chauvin, est probablement l'un des plus beaux du monde. "Et bien changeons-le, et vite! Et du coups changeons les noms de tous ces villages, et du fleuve aussi, pourquoi pas?" Je me retrouve alors sans voix. J'avoue que je ne sais quoi répondre. Ils m'ont eu. Je ne suis généralement pas facile à boucher mais là je dois admettre qu'ils y sont parvenus.

mardi 24 septembre 2013

Mobilisation contre la loi légalisant l'euthanasie

L'Assemblée nationale se penche actuellement sur le projet de loi 52 visant à légaliser (et promouvoir) l'euthanasie. La plupart des députés sont comme la majorité des Québécois: ils ne s'intéressent pas vraiment à la question.

J'ai été reçu par le député Sam Hamad (ex-ministre libéral des Transports) pour lui parler du projet de loi 52. Il a été très attentif et il a promis de lire le document que j'ai joint à ce billet (voir ci-bas). Il s'agit d'une analyse juridique détaillant la myriade de problèmes avec le projet de loi 52. Elle n'entre pas dans la philosophie sous-jacente du projet de loi, ce qui est à la fois un point positif et négatif. Positif parce que bon nombre de députés aiment être pratico-pratiques et n'aiment pas réfléchir à des grandes questions philosophiques. Négatif parce que ceux qui se posent des questions en ce sens n'auront pas de réponses. Mais le document vaut la peine d'être lu et d'être remis en mains propres à votre député.

Je cite une page du document:
Les postulats éthiques du Québec – le Rapport Ménard

Le caractère sacré de la vie est fondé sur des principes religieux et «[c]e fondement religieux de la règle du caractère sacré de la vie est fortement controversé. Ce ne sont pas tous les groupes religieux qui s’opposent à la décriminalisation de l’aide médicale à mourir.» (p.180)

«Quant à la définition proprement juridique du caractère sacré de la vie, elle peut être exprimée ainsi: "Comme nous l’avons déjà souligné, le principe du caractère sacré de la vie signifie au moins que la vie est précieuse, qu’elle doit être respectée, protégée et traitée avec considération et qu’il s’agit d’un principe fondamental de notre société." » (p.180 citant un rapport de la Commission de réforme du droit du Canada, à la p. 45)

«Le caractère sacré de la vie n’est pas absolu. Il entre parfois en conflit avec le droit à l’autodétermination, et il doit lui céder le pas dans certaines circonstances... le caractère sacré de la vie n’a de sens que si la dignité de la vie en fait partie.» (p.189)

«… l’intérêt de l’État à préserver la vie diminue en fin de vie. L’autonomie de la personne redevient prépondérante, et l’État n’a aucun intérêt à forcer une personne à poursuivre une vie qui a perdu l’essentiel de son humanité.» (pp.200-201).
La dernière phrase donne froid dans le dos: "une vie qui a perdu l'essentiel de son humanité". Nous avons affaire à des gens qui croient que certaines personnes vivantes ne sont pas humaines. Cela vous fait penser à qui?

Je vous encourage fortement à appeler votre bureau de député et de demander un rendez-vous pour discuter avec lui du projet de loi 52. Surtout si c'est un député du parti Libéral ou de la CAQ qui pourrait avoir intérêt à faire du capital politique en s'opposant au projet de loi 52.

Nous avons le devoir en tant que citoyens d'agir pour le bien commun.

Impact du projet de loi 52 sur la pratique dans les hôpitaux du Québec, par Me Michel Racicot.

lundi 23 septembre 2013

Nouveau site: le Canadien Français

J'ai un très bon ami qui a mis de nombreuses heures à numériser du matériel pédagogique datant d'avant la révolution tranquille. Il va tout mettre en ligne à l'adresse suivante:


Pour l'instant, il y a des méthodes traditionnelles d'enseignement du français et de manuels d'histoire écrits du point de vue catholique. Dans l'avenir, il y aura d'autre matériel de qualité tant pour les adultes que pour les enfants. Voici un extrait de l'introduction:
Ce site personnel s’adresse principalement à mes compatriotes canadiens français pour leur fournir quelques ressources leur permettant de plus facilement transmettre à leurs enfants leur magnifique héritage culturel. Notre héritage culturel, c’est bien sûr notre langue, mais plus important encore, notre Foi catholique. C’est bien la Foi qui a donné à nos ancêtres un esprit de sacrifice et d’amour du prochain dont nous pouvons être fier. Ce site n’a pas comme but de défendre directement notre culture, mais plutôt aider autant que possible ceux qui veulent la transmettre à leurs enfants, et qui en voient déjà la beauté. Pour une approche plus polémique, je vous recommande cet excellent blogue [NDLR: c'est nous, ca!] qui vous aidera en vous informant et en vous donnant des outils pour répondre plus directement aux attaques actuelles contre notre culture catholique. Je mets donc à votre disposition quelques livres. Je compte en mettre régulièrement de nouveaux, donc venez régulièrement visiter le site ! Soyons des passionnés de notre culture, et transmettons-la fièrement à nos enfants. Soyons courageux et ne nous laissons pas intimider. Pour l’amour et la gloire de Dieu !


jeudi 19 septembre 2013

Symbole

Le contemporain capital par excellence du Québec des dernière décennies, Richard Martineau, sollicite la population en ce matin de 19 septembre 2013. Je le cite:

"Je lance un concours. Au cours des prochains jours, envoyez-moi par courriel (ou par courrier) vos propositions pour un signe ostentatoire voulant dire: «Je me fous de la religion et je trouve qu’elle prend trop de place!»"

Voici ma modeste contribution à un débat qui promet d'être de haute tenue:

« Bonjour,

Pas évident. Nous voici placés devant le problème qu'on génialement résolu les Indiens il y a un siècle lorsqu'ils ont inventé le zéro: Comment représenter "rien" avec "quelque chose" (un symbole). Dans le cas qui nous intéresse, il ne s'agit pas de "rien" mais carrément du néant...

Mais de toute façon, pourquoi se limiter à un symbole. Les franciscains ont tout un costume!
Je voterais pour celui des Nihilistes dans le Grand Lebowski. "We're nihilists! We beleive in nothing!!!"
À moins que les droits sur les Oraliens soient encore disponibles. Le costume du Furotte, ce serait pas pire...
Merci de solliciter la population pour des causes aussi nobles! »


vendredi 13 septembre 2013

La Charte des valeurs québécoises



Selon Max Weber, il y a deux éthiques qui doivent être présentes dans l’esprit de l’homme qui veut faire de la politique : l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité. La première, c’est celle qui inclut tout ce qui a trait au travail pour une cause, c’est-à-dire que l’homme qui s’engage en politique doit vouloir passionnément intervenir pour une cause en tant qu’elle-même, objectivement et surtout, dans un premier temps, sans aucune considération pour la conséquence. S’il ne possède pas la deuxième attitude éthique, ce n’est pas un homme fait pour la politique car ce n’est pas dans longtemps qu’il causera des catastrophes. Et s’il en cause, il ne remettra pas en question sa propre attitude, mais il attribuera l’échec de ses avancées au fait de la médiocrité du monde qui n’est pas capable de percevoir la grandeur de ses propositions.

La deuxième attitude représente, pour Weber, la véritable attitude politique, laquelle s’inquiète des conséquences probables de ses actes et surtout, lors de l’échec, n’attribue pas la faute au monde extérieur, mais questionne plutôt son propre mouvement.

Dans le cas qui nous occupe actuellement, à savoir la Charte des valeurs québécoises, quelle est la conviction qui la sous-tend et quelles seront les conséquences probables?
La conviction, c’est certainement que la neutralité de l’État est une avenue qui devrait maximiser le bien-être du plus grand nombre, pour parler en termes utilitaristes. Je pourrais ensuite décliner une suite de conséquences probables sur la majorité comme sur les minorités, tâche ardue qui a certainement donné lieu à de multiples débats chez nos ministres et conseillers. Je voudrais me concentrer sur une conséquence dangereuse.

Pour qu’une société subsiste, il faut une sorte de « contrat social » qui est, pour nous, la Déclaration universelle des droits de l’homme. Sur cette déclaration (qui est fortement et évidemment très imprégnée de christianisme) repose le code pénal qui est pour plusieurs, notamment Richard Martineau, une véritable bible. Comme l’a dit plus tôt Christian Sauvé, avec cette charte, le Québec dit : les impératifs moraux sur lesquels nous appuyons tout notre système politique peuvent être manipulés selon les circonstances, surtout s’il semble que le bien-être du plus grand nombre soit menacé. En somme, selon le PQ, il vaut la peine d’enlever un droit pour atteindre la neutralité. La fin justifie les moyens. Nous avions le droit de nous vêtir comme nous le souhaitions, peu importait l’endroit où nous étions, parce que nous étions des individus avec toute leur complexité. Au service de l’État, nous servons; nous ne pouvons pas servir deux maîtres.

Beaucoup de ceux qui commentent la Charte se concentrent sur les immigrants, sur le fait de la diversité culturelle et religieuse. Quand je fais affaire avec l’État, disent-ils, je ne veux pas savoir quelle est ta position religieuse, je veux juste que tu me donnes ce que je te demande : comme à un guichet, pas question de commencer à se parler de choses sérieuses, je veux juste vingt piastres.

Quand j’étais plus jeune, je trouvais que la politesse était une forme d’hypocrisie. « S’il-vous-plaît…merci… bla bla bla… », alors qu’en fait on ne veut que le sel ou une fourchette. Hypocrisie parce que la personne qui demande veut simplement que l’autre réponde à la demande et qu’il n’est pas question de savoir si cela lui plaît ou non, mais juste qu’elle le fasse. Aujourd’hui, je ne pense évidemment plus la même chose. Il me semble que la politesse, c’est reconnaître que l’autre personne n’est pas une machine et que c’est un être humain complexe qui vit ses joies et ses difficultés. En plus, le « merci » lui souhaite le salut éternel, n’est-ce pas extraordinaire, en réalité?

Enfin, je conclue rapidement en disant que tout ce qui élève l’être humain, tout ce qui met en valeur sa grandeur devrait être souhaitable. Et que jusqu’ici, d’avoir eu le droit de le dire et de l’afficher ostentatoirement a été un droit que j’ai grandement apprécié et que je n’arrive pas à croire qu’on puisse enlever par crainte des abus.

jeudi 12 septembre 2013

Ce que nous voulons

On verra bien ce qui arrivera avec le Québec… On mourra tous et on verra ce qui en est alors. L’individu doit décider lui-même. Il a accès à tout ce qui lui est possible d’avoir pour faire un choix éclairé qui déterminera son éternité. La Bible est un texte comme un autre? Soit. N’en tiens pas plus compte que ça et vis comme bon te semble… Tu mourras et tu t’éteindras, tu en es sûr. Tu auras vécu sans trop de conséquence et sans trop faire de mal à ton prochain. Des gens croient que la Bible renferme la révélation que Dieu a fait aux hommes pour qu’ils puissent se sauver. Grand bien leur fasse, si ça peut les rassurer. Il y en a eu des brillants parmi ces gens: Pascal, Leibniz, Kierkegaard… Ça n’a pas vraiment d’importance. Le concept même d’un livre qui contiendrait la révélation de ce qu’il faut faire pour ne pas tomber dans le néant te répugne. Alors tu ne vas pas aller voir dans ce livre même si des générations l’ont fait avant toi. Non, tu ne vas rien faire et telle est la sagesse. Ne rien faire. Vivre et laisser vivre. Pourrir et laisser pourrir. Tel est le fin du fin de l’intelligence eschatologique. Jouir et faire jouir sans faire de mal à personne. Tout ce qu’on ajoute à cela vient du mauvais à savoir: l’extrémiste! Celui qui est en quête d’absolu... Il n’y a pas d’absolu. Il y a ces petits moments dont il faut profiter et qui s’apparentent en gros à ce qui provoque le ronronnement d’un chat. Non seulement il ne faut pas chercher plus, mais il ne faut pas avoir l’air de dire, par le port de symboles quelconques, qu’il faudrait peut-être chercher plus. Car c’est bien ce qu’ils disent, ces symboles que l’on veut bannir: qu’il y a peut-être une réalité plus haute que ce que l’État québécois peut prendre en charge. Ce n’est pas, disons, scientifique… Et ça peut faire du mal aux gens qui alors se mettront à chercher le bonheur dans ce qui n’existe pas… Car il convient de tenir compte de cette réalité avant d’aller plus loin: Ça n’existe pas! Ce n’est pas une question de croyance. Ce sont les croyants qui croient! On ne peut pas faire mentir les mots. Il faut bien sûr ménager les pauvres d’esprit à qui on a promis le royaume de Dieu… Mais si on veut vraiment discuter sérieusement pour pouvoir débattre en toute sérénité, il faut commencer par le commencement et admettre d’emblée qu’il n’y a rien de vrai dans tout cela. Après et seulement après on pourra expliquer les motivations profondes de nos décisions pour bien faire voir que c’est le bien et seulement le bien des gens que nous cherchons. Celui des gens à la tête bien faite que de telles niaiseries choquent, bien entendu… Mais surtout le bien de ceux qui s’accrochent comme si la pleine lumière du jour les terrorisaient. Ils sont un peu comme des oisillons que nous voudrions pousser hors du nid non pas pour qu’ils s’écrasent au sol, mais pour qu’ils puissent enfin déployer leurs ailes et sentir comme il est bon de pouvoir planer hors de leur refuge de paille qui ne les protège même pas du loup. Oui, c’est surtout par amour pour ces gens que nous agissons ainsi, que nous leur enlevons leurs béquilles pour qu’ils puissent se rendre compte que leur fracture est guérie depuis longtemps. Leurs muscles pourront enfin se renforcer et ils marcheront, eux aussi, comme nous, debout et fiers. Et pour qu’ils sachent se diriger (car c’est bien beau marcher mais il faut encore savoir dans quelle direction), nous leur avons préparé un bel itinéraire qui leur permettra de savoir ce qui est important dans leur nouvelle vie. Car il faudra s’assurer qu’ils ne remplacent pas leurs valeurs religieuses par d’autres encore plus répréhensibles. Voyez, tout a été prévu. Nous nous attendions certes à de la résistance, il est toujours un peu effrayant de sortir de l’esclavage. Mais lisez bien la plume trempée dans l’amour et l’humilité de notre chevalier Richard dans le Journal de Mtl et vous serez rassurés. C’est une question de strict bon sens et rien d’autre.

La charte de l'intolérance et de la xénophobie

La plupart du temps, je suis capable de respecter l'opinion contraire à la mienne lorsque les arguments offerts sont sérieux. Mais durant les 24 dernières heures, l'estime que j'avais pour le Québécois moyen a beaucoup souffert. À les écouter dans les tribunes téléphoniques, la majorité des personnes qui appuient le projet de charte du Parti québécois sont incapable d'offrir des arguments objectifs pour étayer leur position. Ils ne disent pas que l'État doit être neutre (l'argument du Parti québécois). Au contraire, la majorité des Québécois insiste pour que le crucifix demeure à l'Assemblée nationale et c'est pourquoi le Parti québécois n'ose pas l'enlever. Ce que monsieur et madame tout-le-monde dit pour justifier sa position est l'une des affirmations suivantes:

1) La religion devrait se pratiquer en privé;
2) Les musulmanes qui portent le foulard islamique les offensent parce qu'elles refusent de faire comme les Québécois.

Jamais il n'est question de la neutralité de l'État dans l'imaginaire populaire. Si le Parti québécois recueille l'appui de la majorité de la population, c'est en raison de l'intolérance et de la xénophobie d'un segment de la population. Cela m'inquiète. Les Québécois ne semblent pas croire à la liberté de religion (qui comporte le droit de manifester sa religion en public) et à la liberté tout court de s'habiller comme bon nous semble.

Au coeur du problème est la liberté de conscience. Une personne a-t-elle la liberté de penser ce qu'elle veut? La personne qui porte un signe religieux le fait parce qu'elle pense d'une certaine façon. En l'obligeant à enlever ce signe, on est en train de lui dire qu'elle devrait penser comme tout le monde. On lui enlève sa liberté.

Il y a évidemment des limites à toute liberté. Les musulmanes ne demandent pas d'avoir le droit de s'habiller n'importe comment, par exemple avec les seins à l'air (quoique cela soit permis en Ontario, semble-t-il). Mais ce qu'on leur demande de faire est justement comme si on leur demandait de se déshabiller. Pour elles, c'est en partie une question de modestie et d'un habillement décent.

Nous avons donc un gouvernement laïciste qui cherche à imposer son athéisme et un peuple complaisant qui, sans partager l'idéologie du Parti québécois, accepte ces dérives pour d'autres motifs par ailleurs répréhensibles.

lundi 9 septembre 2013

Y a-t-il une vérité?

Jean Daujat (1906-1998) était un scientifique de formation, mais qui a consacré sa vie à la philosophie. Son l'esprit rationnel et rigoureux s'est appliqué à écarter les erreurs et à cerner la vérité objective qu'il l'exprime sous une forme compréhensible au commun des mortels. 

Son oeuvre principal, Y a-t-il une vérité?, est un traité de philosophie thomiste qui répond aux questions les plus fondamentales de l'existence (ce qu'on appelle la métaphysique), en particulier des moyens de connaissance qui nous permettent d'affirmer certaines choses non observables physiquement, tels que l'existence de Dieu, la raison de notre existence et le sens de la vie.

C'est donc un livre à la fois très conventionnel, en ce qu'il vient affirmer les principales vérités de la philosophie thomiste et de la foi chrétienne, et totalement subversif dans notre contexte post-moderne où le nihilisme et le relativisme sont devenus la norme.

Voici un extrait de l'introduction:
Il faut insister sur le caractère fondamental du problème de la vérité car nous vivons en un temps où, pour des raisons que nous étudierons longuement par la suite, un grand nombre de nos contemporains sont convaincus qu'il ne peut pas y avoir de vérité certaine et que l’intelligence humaine ne peut rien affirmer parce qu'elle ne peut pas savoir où est le vrai et où est le faux. Et c'est là ce qui entraîne le désarroi, le désespoir et la révolte de toute une jeunesse dont l’explosion en mai 1968 a surpris l'aveuglement des générations précédentes, mais non pas ceux qui s’occupaient des jeunes depuis longtemps et les connaissaient bien. C’est qu’en effet s’il n’y a rien de certain, il n'y a plus ni raison d'être certaine ni but certain de la vie humaine et cette disparition de toute raison de vivre ne peut engendrer que le désespoir et la révolte. Que les adultes et les vieillards n'accusent pas les jeunes : leur génération est responsable que ceux-ci grandissent dans un monde où toutes les voix de la philosophie, de la littérature, du théâtre, de la presse, de la radio, de la télévision viennent leur crier qu'on ne peut pas savoir où est le vrai et où est le faux et que rien n’est certain.  
S'il n'y a ni raison d'être certaine ni but certain de la vie humaine, il n'y a plus de morale : pourquoi accepter des règles dont on ignore si elles sont vraies ou fausses ? S'il n'y a plus rien de certain, il n'y a plus rien qui vaille la peine de s'y donner, de s'y dévouer, le cas échéant de s'y sacrifier : il n'y a plus qu'à jouir et à profiter. Peut-être me dira-t-on qu'en tout temps il y a eu des vices et des crimes : oui, mais ils étaient reconnus comme vices et comme crimes, tandis qu'aujourd'hui il n'y a plus un vice, plus un crime qui ne trouve quelque penseur ou quelque auteur de roman, de théâtre ou de film à la mode pour en faire l'éloge. Puis, s'il n'y a plus de vérité certaine, il n'y a plus aucune base commune sur laquelle les hommes puissent s'accorder pour fonder la vie morale, l'ordre social, la civilisation : c'est la multiplication sans fin des opinions, des écoles, des partis, des camps, des idéologies, et l'humanité devient une tour de Babel où les hommes ne se comprennent plus et où toutes les discussions sont des dialogues de sourds car on ne peut discuter qu'à partir d'un point de départ commun (qu'on observe par exemple ce que deviennent les discussions internationales entre des pays qui n’ont pas la plus élémentaire notion commune de la morale, du droit ou de la justice). 
Il ne faut donc pas s'étonner que l'humanité vive aujourd'hui une crise qui atteint les fondements mêmes de la civilisation et remet en question l'homme tout entier.  
 Voilà donc le problème fondamental auquel nul ne peut échapper et auquel tous sont obligés de réfléchir : y a-til une vérité et notre intelligence humaine peut-elle, fût-ce laborieusement, parvenir à la connaître ? C'est à cette question, dont dépend l'avenir de l'homme et de la civilisation, que ce livre a l'ambition de répondre en amenant la réflexion de tous vers ce qu'il y a de plus fondamental.

samedi 7 septembre 2013

Le clergé progressiste, l'autre ennemi du christianisme

Dans Le Soleil du 4 septembre dernier, deux prêtes écrivent que l'on devrait enlever le crucifix du salon bleu parce que les lois ne  tiennent pas assez compte des pauvres, des jeunes, etc. Cherchez la logique. Le gauchisme clérical est donc l'une des voix qui appellent à la déchristianisation du Québec. Rien de nouveau à ce sujet... Ce sont eux qui ont applaudi le plus fort les artisans de la révolution tranquille.

Cette vieille garde ultra-libérale, qui réduit le christianisme à une sorte de marxisme religieux qui n'a rien à voir avec le christianisme historique, ne voit pas pourquoi le Québec s'attacherait à ce symbole pour des raisons culturelles. Le clergé n'avait-il pas réussi à évacuer le christianisme historique de la culture québécoise ? N'ont-ils pas réussi à transformer le christianisme en mouvement social dénué de toute transcendance ? Cela fait longtemps que la vérité n'est plus proclamée en chaire. On connait les platitudes impertinentes de ces prêtres dans leurs homélies insipides, qui ont fait plus de dégâts que n'importe quel gouvernement athée et toutes les chartes des valeurs du monde, rappellant aux Québécois à chaque  année, à la messe de Noël, que le christianisme n'a rien de pertinent à leur offrir.

Ce qui reste du clergé québécois n'a pas d'attachement à notre héritage chrétien. Ils font avec la société ce qu'ils ont réussi à faire avec l'église locale : la vider de la présence de Dieu.

Sur le blog d'un catho libéral, j'ai lu une interprétation complètement différente de cet article du Soleil. L'auteur voit ces deux prêtres comme des... (attache ta tuque) fondamentalistes ! Ils auraient refusé de donner à la culture sa juste place à l'intérieur du christianisme. Comme si le christianisme provenait de la culture et non de la Révélation. Selon lui, le fondamentalisme est de faire primer les enseignements d'une religion sur toute autre chose. Je ne vois pas comment un croyant peut être autre chose que fondamentaliste selon cette définition lorsqu'on regarde les enseignements du Christ, qui exigent rien de moins qu'une dévotion entière (Mc 12:30). Donc selon cette définition, ces deux prêres sont des fondamentalistes puisqu'ils font primer leur conception progressiste du christianisme sur la culture ambiante. Ils ont au moins compris que le christianisme transcende les cultures, contrairement à l'auteur du blog en question. Mais ils se sont trompés gravement sur le message du christianisme qui n'est pas de faire la révolution.

Le crucifix doit impérativement demeurer au salon bleu. Il en va de notre identité nationale. Même si la grande majorité des Québécois ne pratique plus le catholicisme, il continue de faire partie de notre identité et le christianisme demeure la vérité.

jeudi 5 septembre 2013

Le paradoxe du crucifix à l'Assemblée nationale



Il s’agit pourtant d’un épisode célèbre…

 

Nous sommes en Judée, il y a un peu moins de 2000 ans… Comme la presque totalité des peuples du pourtour méditerranéen, les Juifs sont sous la tutelle de l’Empire. Comme à leur habitude, les Romains n’exercent pas une domination trop lourde. Habiles et pragmatiques, ils ne veulent pas que les peuples soumis aient envie de se révolter. Ils lèvent bien sûr des impôts (un empire ça se paie!), mais ils laissent aux gens beaucoup de libertés (religieuses entre autres) qui font en sorte que ceux-ci sont finalement assez contents d’être sous la domination de Rome.

 

Du moins, chez les peuples ordinaires. Mais on le sait bien (et les Romains le savaient bien aussi), les Juifs ne sont pas un peuple ordinaire. C’est un peuple fier avec une histoire glorieuse, et ils auront beau se faire offrir tous les accommodements raisonnables possibles, ils ne seront jamais heureux d’être sous la domination de qui que ce soit, fut-ce l’empire le plus puissant de l’histoire.

 

Cependant, se révolter contre Rome à cette époque, ce n’est pas exactement ce qu’on pourrait appeler une bonne idée. Aussi les mouvements séparatistes restent marginaux, même s’ils jouissent de la sympathie d’une majorité silencieuse. L’Empire est au sommet de sa puissance et il faudrait, pour arriver à s’en libérer, rien de moins que… le Messie lui-même…

 

Il faut alors s’imaginer à quoi il pourrait ressembler, question qu’on puisse le reconnaître des fois qu’il aurait envie de descendre… Depuis le temps qu’on l’attend…

 

Évidemment que Moïse reste la référence absolue quand on essaie de se figurer un sauveur, mais dans les circonstances un Josué serait des mieux venus. N’est-ce pas lui qui a pris la tête de l’armée israélite pour chasser du territoire les sept peuples qui l’occupaient? Et n’est-ce pas de cela qu’il s’agit maintenant : chasser du territoire un peuple qui l’occupe pour que les Israélites puissent en (re)prendre possession? 

 

Ça tombe bien, il y a justement un homme à ce moment qui semble parfaitement correspondre au profil recherché. Un homme qui semble avoir la sagesse et le charisme nécessaire et qui s’appelle… Josué! Nom qui signifie « Celui-qui-sauve ».

 

Ça semble trop beau pour être vrai, il faut aller y voir. À ce moment, des militants séparatistes (on les appelle des zélotes) suggèrent qu’on cesse de payer l’impôt à Rome, un peu comme des séparatistes québécois pourraient vouloir qu’on cesse de payer l’impôt au fédéral. Certains d’entre eux décident de présenter cette proposition à Josué pour voir comment il va réagir, question de savoir à quelle enseigne il loge. « Doit-on, oui ou non, payer l’impôt à Rome? » Comme c’est souvent le cas, Josué ne répond pas directement à la question. Il demande d’abord qu’on lui tende une pièce de monnaie. Puis il demande de qui est l’effigie sur la pièce. César? Eh bien « Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. »(Marc 12)

 

Il est difficile aujourd’hui de mesurer ce que cette phrase pouvait avoir de révolutionnaire. J’ai même lu quelque part que c’est à ce moment que les Romains ont décidé de collaborer avec les autorités juives pour faire crucifier ce fauteur de trouble. Bien sûr, dans la phrase, César représente la politique et Dieu représente la religion. On parle donc de la phrase fondatrice de ce qu’on a appelé plus tard la laïcité. Séparer le politique du religieux! C’était une idée de fou furieux à l’époque. L’empereur était vénéré comme un dieu avec tout un apparat cultuel, et c’est pour avoir refusé une telle vénération qu’un nombre ahurissant de martyrs sont morts dans les arènes, bouffés par les lions ou écartelés, lors des premiers siècles du christianisme. Il en a fallu du sang pour que cette idée fasse son chemin dans les esprits et s’impose au point où elle semble aller de soi… (Dans les pays de traditions chrétiennes, s’entend… Dans les autres c'est plus difficile, l'actualité internationale est là pour en témoigner, c'est bien le moins qu'on puisse dire!)

 

Il en a fallu du sang… Et d’abord celui de l’homme qui se trouve sur ce crucifix que vous voulez enlever de l’Assemblée nationale au nom de… la laïcité. Car la phrase fondatrice de la laïcité, elle a été prononcée par cet homme qui ce trouve sur cette croix… C’est d’ailleurs en partie pour l’avoir prononcée qu’il s’y trouve… Cette phrase fondatrice de la laïcité… Au nom de laquelle vous voulez enlever cette croix… Etc. 

 

Il est étrange qu'aucun chroniqueur ou commentateur d'aucun de nos grands journaux ne relève ce drôle de paradoxe. J'en déduis qu'aucun d'entre eux n'a la culture nécessaire pour avoir quelque opinion valable que ce soit sur le sujet. Mon Dieu, jusques à quand les gérants d'estrades salariés pour guider l'opinion du peuple?

Le Québec radical

Lysianne Gagnon nous écrit ce matin dans La Presse un bon article où elle démonte que la France, qui a inventé la laïcité, entretient sans gêne des liens ouverts avec le catholicisme. La laïcité pure, explique-t-elle, n'est pas possible (ni souhaitable), puisqu'elle équivaut à vouloir faire table rase du passé pour créer l'homme nouveau.

L'homme nouveau ! C'est elle qui emploie cette expression, pas moi, et on ne doit pas s'étonner du parallèle avec le christianisme (cf. Jn 3:3, Eph 2:15), puisque l'auteur elle-même parle de cette "sacro-sainte laïcité" comme une "nouvelle religion". Mais pas n'importe quelle religion : c'est une pâle imitation du christianisme, l'homme qui tente d'atteindre l'inatteignable par ses propres forces (l'utopie athée) alors que le paradis lui est proposé par Celui qui a le moyen de l'offrir. Il n'est pas surprenant que de tels idolâtres s'attaquent à la véritable religion, comme les adorateus de Baal qui ont voulu éliminer tous les prophètes de Yahvé (1 Rois 18).

Il se trouve que le Québec, par une étrange ironie, est devenu plus impie que la France républicaine.  Il est passé de l'intégrisme catholique à l'intégrisme laïque en un clin d'œil. Les dogmes ont changé, mais la mentalité radicale est demeurée. Le Québec se compare à un enfant doué qui peut accomplir de grandes choses s'il demeure vertueux, mais pour qui n'importe quelle bassesse est possible s'il vire mal. Plus on tombe de haut (car l'Évangile est ce qu'il y a de plus sublime), plus on tombe bas.

mardi 3 septembre 2013

L'ambivalence des Québécois envers l'Église

Deux fois dans une semaine je lis un article sur le Huffington Post avec lequel je suis d'accord. L'auteur explique pourquoi les Canadiens-français n'ont jamais épousé le pluralisme religieux.

Ce qui est particulièrement intéressant est la relation ambivalente qu'entretenait notre peuple avec l'Église. La liberté religieuse signifiait dans ce contexte être libre de l'emprise étouffante d'une église envahissante et surtout très hypocrite.

Cette hypocrisie est la cause du scepticisme envers l'Église où germait la graine de la révolution tranquille. Ce n'est pas pour rien que le peuple le pratiquant au monde a cessé du jour au lendemain d'aller à la messe. Cette hypocrisie subsiste à ce jour dans ce qui reste de l'Église québécoise qui dans le fond est toujours la même vieille entreprise infestée de ces catholiques "professionnels" décriés in 2010 par l'ancien pape.

Est-il surprenant qu'un peuple aussi astucieux que le nôtre ait pu flairer l'odeur de l'hypocrisie ? Pourquoi s'étonner si les Québécois ne se précipitent pas à la messe aujourd'hui ? Bref, si le catholicisme est visé par ce projet de charte, nous avons l'église québécoise à remercier en partie.

Mais il faut faire une distinction majeure qui repose sur l'identité de l'auteur de cette charte. Le Parti québécois n'a pas pour seul objectif de "reconnaître" les valeurs québécoises. C'est aussi un outil de persuasion pour tenter de convaincre, ou du moins consolider cette idée que les valeurs du peuple Québécois sont celles de la gauche athée et féministe. C'est cette idéologie anti-catholique qui cherche à dresser le peuple contre le christianisme alors qu'il se méfiait jusqu'alors de l'église institutionnelle seulement.

Si cette stratégie réussit, toutes les réformes de l'Eglise ne suffiront pas à ramener les Québécois à la vérité de l'Évangile, qui demeure la vérité malgré l'hypocrisie des messagers (Mt 23:1-12).

Plus d'histoire à l'école

Le gouvernement péquiste nous annonce qu'il va augmenter le nombre d'heures d'enseignement d'histoire à l'école et au cégep. La ministre de l'Education Mme Malavoy précise: "C’est un devoir de l’État que de bien enseigner l’histoire".

Cette dernière phrase est indicative de comment ces idéologues voient le rôle de l'histoire: il est au service de l'État (comme tout le reste). Pouvons-nous même espérer que ce sera bien l'histoire et non de propagande qui sera dispensée ? Quand la ministre prend la peine de préciser qu'elle préfère la vision "nationale" à la vision "sociale" de l'enseignement de l'histoire, peut-il rester un doute ?

Ce sont précisément ces social-démocrates qui se sont donné comme mission de faire oublier aux Québécois leur héritage. Maintenant ils s'affairent à réécrire l'histoire. Ils n'aiment pas les Québécois pour ce qu'ils sont, donc ils essayent de nous changer. Ils appellent ça "faire évoluer les mentalités".

Pourtant, l'histoire est précisément ce qu'il faut aux Québécois pour apprendre à se connaitre eux-mêmes. S'ils voyaient que notre survie en Amérique est manifestement l'oeuvre de la Providence, que la propagation de la race canadienne-française n'a été possible que grâce à la moralité chrétienne, que la vertu de notre peuple est le fruit d'une dévotion aux valeurs du sacrifice et de l'amour du prochain, ils comprendraient notre véritable caractère national. S'ils voyaient que la majorité de nos problèmes sociaux sont attribuables à la répudiation du christianisme et que les solutions passent par la conversion du coeur de l'homme, ils remettraient en doute l'utopie athée promise par la sociale-démocratie.

dimanche 1 septembre 2013

Prêcher dans le désert

Vous aurez compris que ce blog se veut une critique la société québécoise, ou plutôt une critique des maux qui affligent la société, particulièrement sur le plan religieux. C'est pas souvent que je commente un article avec lequel je suis d'accord comme je m'apprête à faire.

Parfois j'ai l'impression de prêcher dans le désert. Mais il m'arrive parfois de tomber sur quelqu'un d'autre qui partage mon point de vue.

Aujourd'hui dans le Huffington Post, ce nouveau média pourtant connu pour ses vues progressistes (c'est-à-dire gauchistes et athées), j'ai lu l'un de ces bijoux qui me réconforte un peu en me faisant comprendre que je ne suis pas tout seul et pas si bizarre qu'on pourrait le croire. C'est l'une des choses que j'apprécie de ce média qui, contrairement au Devoir, permet à l'occasion qu'un point de vue différent de la ligne éditoriale soit exprimé.

Ce que d'autres prennent plaisir à appeler le conservatisme et que j'appellerais plutôt la fidélité à notre héritage canadien-français est largement considéré comme étant en voie d'extinction au Québec, devant le rouleau compresseur progressiste. Mais il y a plus de gens qu'on pense qui voient les incohérences du "modèle québécois" et qui osent se demander si nos ancêtres n'étaient pas si niaiseux que ça en fin du compte... s'il n'y avait pas, peut-être, une bonne raison pour laquelle ils étaient si fervents, travaillaient si fort et se sacrifiaient pour fonder une famille nombreuse.

Cet été j'ai eu la mauvaise expérience de discuter avec un père de famille très catholique qui dit avoir quitté la région de Québec pour s'installer dans la région d'Ottawa-Gatineau afin d'envoyer ses enfants à l'école catholique en Ontario. Il n'y a plus rien à faire avec le Québec, selon lui. Tout est déjà perdu.

C'est une attitude qui me dégoute en tant que chrétien et nationaliste. Le christianisme me dit qu'il faut espérer contre tout espoir. Le nationalisme me dit qu'il faut rester dans la mêlée. C'est pourquoi les contributeurs de ce blog peuvent justifier de consacrer du temps à prêcher dans le désert.

mercredi 28 août 2013

La Souveraineté et l'Amour

Québec manque de leaders, c’est un lieu commun depuis plusieurs années maintenant. Si on veut faire la souveraineté, on va avoir besoin que le projet soit pris en charge par des individus qu’on voudra pouvoir qualifier de leaders, cela va de soi.

Or quelle est la première qualité que doit posséder un leader aux yeux des gens pour qu’ils consentent à le suivre? L’amour. Encore une fois, Jésus exprime tout ça de façon définitive, au chapitre 10 de l’Évangile de Jean, lorsqu’il distingue le vrai pasteur du mercenaire qui est là pour ses intérêts personnels ou pour ceux de son école.

Les gens doivent pouvoir «reconnaître la voix» du leader, ce qui n’est possible que si le leader en question éprouve de l’amour pour les gens qu’il propose de guider vers de «verts pâturages».

C’est évidemment ce que les Québécois sentaient lorsqu’ils entendaient René Lévesque leur parler.

Maintenant que faudrait-il penser d’une personne qui dirait : «Je t’aime mais je hais 80% de ce qui a contribué à te faire tel que tu es profondément »? Arrêtons-nous pour y réfléchir, question de voir dans quelles conditions cette proposition pourrait avoir du sens.

Il se pourrait que la personne aimée ait été abusée pendant une longue partie de son enfance. Dans ce cas, l’amoureux n’aimerait sans doute pas cet épisode de la vie de l’aimé, mais il est peu probable qu’il considérerait que ce soient ces abus qui aient contribué à faire cette personne pour 80% de ce qu’elle est vraiment. Car alors on aurait quelque chose comme: «Tu es un abusé avant tout et c’est pour ça que je t’aime!», ce qui entrerait en contradiction avec la déclaration d’en haut.

À l’autre opposé, l’aimé risquerait de ne pas être tellement plus heureux d’entendre quelque chose comme : «Je t’aime uniquement lorsque je ne considère pas ce que tu as vécu de difficile dans ton existence.» Car alors, s’il prenait à l’aimé l’envie de parler des épisodes traumatisants de sa vie pour les exorciser, étape fondamentale à la guérison, il saurait qu’il ne pourrait le faire avec la personne disant l’aimer de tout son coeur. Ce qui est un peu embarrassant.

Ceux qui prétendent vouloir nous guider me semblent continuellement alterner de ce pôle à l’autre sans aucune gradation. Pour eux, l’Église nous a abusé pendant 350 ans (absurdité colossale en soi) et il convient de faire, soit comme si cet épisode n’avait jamais eu lieu, soit comme s’il avait été si important que nous ne pourrions pas être autre chose qu’une gang de ti-casses…

René Lévesque n’avait ni cette indifférence, ni cette condescendance. Il aimait le peuple Québécois intégralement, dans toute la réalité de son essence profonde. Il ne considérait pas le peuple qu’il se proposait de guider comme deux peuples, l’un d’avant Expo67 et l’autre d’après, aimant l’un et détestant l’autre. Il aimait passionnément un peuple qui était né d’un désir d’évangélisation, qui avait défriché une terre ingrate, qui avait été laissé à lui-même et qui avait survécu dans les conditions les moins favorables; qui s’était ouvert au monde et à la modernité et dont l’aventure continuait… Une aventure qu’il considérait grandiose et qu’il ne voulait pas décider arbitrairement de faire commencer ailleurs que où elle avait commencée réellement sous prétexte qu’il n’était pas lui-même encore né à cette époque, ou pour quelque autre prétexte fallacieusement idéologique. Qu’est-ce qui me fait dire une telle chose? Sur quoi je m’appuie pour prétendre connaître la pensée de René Lévesque à ce sujet?

En liminaire du catalogue de l’exposition le Grand Héritage, présentée au Musée du Québec en 1984-85 pour célébrer les 450 ans de l’histoire du Québec en Amérique, il écrivait ceci:
«[...] Ce sera une façon de nous dire à nous-mêmes et d’expliquer à autrui quelle fut l’histoire de l’épanouissement de la foi de nos ancêtres et comment elle a constitué une motivation pour des générations de femmes et d’hommes qui se sont mis à la tâche de bâtir ici un nouveau monde. Ainsi, depuis la prière de Jacques Cartier et de son équipage au pied de la croix plantée à Gaspé au nom du roi de France, depuis la première messe qui présida à l’établissement de Ville-Marie, depuis les enseignements d’une Marguerite Bourgeoys, depuis les œuvres fondatrices à Québec d’un François de Laval, toutes ces vies menées avec un magnifique don de soi constituent autant de signes de la vigueur avec laquelle tant de fidèles ont servi l’Église et notre peuple. Le Grand Héritage nous rappellera les plus illustres parmi eux, mais il évoquera aussi toutes celles et tous ceux, plus anonyme face à l’histoire qui, par leur sens de l’idéal, ont permis aux valeurs les plus essentielles du christianisme de ce déployer en cette terre d’Amérique. Tous ces fidèles qui ont vécu leur foi au rythme de la vie laïque, toutes ces communautés de religieuses et de religieux, en œuvrant dans l’enseignement, les soins aux malades, les services aux plus démunis, ont concrétisé une promesse de charité et apporté une dimension humanitaire à nos vies quotidiennes. Tous ces curés, chefs de nos paroisses, qui ont accompagné les étapes du peuplement de notre patrie en ont été pendant toute un époque l’élite naturelle. Notre histoire ne se comprend pas sans retenir les rôles indispensables qu’ont joués avec tout leur talent et leur force ces hommes et ces femmes de l’Église de l’enracinement.»
Imaginez-vous ces mots sortant de la bouche de Pauline Marois, Amir Khadir ou de n’importe quel autre «leader» souverainiste?

Moi non plus.

La morale scientiste

Notre société est très fière de fonder ses décisions sur la science et la raison. Du moins c'est ce qu'elle pense. Les études scientifiques sont brandies à chaque fois qu'un débat s'engage sur une question, même les questions où la science n'offre aucune réponse pertinente. Sauf lorsque la science offre des réponses qu'on ne veut pas entendre.

Je lis aujourd'hui que le cannabis est dangereux pour la santé, contrairement à ce que l'on croirait à écouter les personnes qui militent en faveur de sa légalisation. Soyons clair: je n'ai rien contre l'usage modéré du cannabis par une personne responsable pour les bonnes raisons (il est assez rare de réunir toutes ces conditions), même si je n'en fais pas usage personnellement. Ce qui me dérange, c'est que dans le débat entourant le cannabis, on a simplement accepté l'opinion de la majorité comme la vérité, ce qui est peut-être inévitable dans une démocratie. Mais la vérité ne se décide pas par un vote. 

La science n'est pas capable de répondre à toutes les questions, mais elle peut nous dire avec un haut degré de fiabilité si une substance est nocive pour la santé. Le problème est que la légalisation du cannabis est l'un des enjeux phares du mouvement progressiste chez les jeunes. Le cannabis est symbolique du style de vie hédoniste et individualiste de la génération X qui exerce un poids de plus en plus grand en politique. Des études scientifiques ne suffiront pas à détrôner cette idole qui représente tout un style de vie. Le chef du Parti libéral du Canada, en déclarant fièrement avoir fumé du pot plusieurs fois depuis qu'il siège au Parlement, sait très bien ce que représente cette substance pour son électorat jeune.

Il en est de même avec de nombreux autres enjeux sociétaux. Des études à profusion démontrent les effets négatifs de l'avortement et de la pilule contraceptive sur le corps d'une femme. Ces études, lorsqu'elles réussissent à se faire publier, passent sous le radar. L'avortement et la pilule sont des enjeux symboliques du féminisme; on préfère faire l'autruche que détrôner ces idoles et remettre en question le féminisme. Qui sait, on serait peut-être obligé par la suite d'étudier l'impact négatif de la garderie sur le développement d'un poupon, l'impact que pourrait avoir sur l'éducation d'un enfant le fait d'être enfant unique, bref tout le modèle de la famille occidentale. On craint ce que la science pourrait nous dire. Dans le dossier du mariage homosexuel, non seulement nous ne sommes pas prêts à examiner l'impact sur un enfant d'être élevé par deux adultes du même sexe, mais le scientifique qui oserait étudier cette question serait immédiatement discrédité et taxé d'homophobe si son étude ne concorde pas avec l'opinion reçue.

Si nous avons réussi à nous libérer du tabac, c'est parce que nous avons accepté de regarder la réalité en face. Nous avons compris que l'abus de cette substance nous causait de nombreux problèmes. Cette émancipation a été difficile en raison du rôle social que joue le tabac. Mais nous nous sommes laissés convaincre par une juste appréciation des faits.

Comme je l'ai mentionné, la science peut nous accorder un éclairage pour apprécier la vérité, mais pour certaines questions seulement. De nombreuses autres questions plus importantes ne peuvent pas être réglées par une étude scientifique. Dans ces dossiers, notre société scientiste est d'autant plus dépourvue de direction qu'elle n'a personne pour lui indiquer la vérité même si elle était prête à l'écouter. C'est le cas pour le dossier de l'euthanasie. Qu'est-ce que la science peut nous dire sur le bien ou le mal d'une telle pratique? Rien du tout. Donc, nous sommes dirigés par l'opinion de la majorité qui se fait influencer par les faiseurs d'opinion (les médias) qui ont leur agenda propre. Il se trouve que seulement 33% des mémoires présentés à la Commission mourir dans la dignité se prononçaient en faveur de l'euthanasie. Donc, parmi tous les experts et toutes les personnes qui ont réfléchi à la question, seulement un tiers pense que c'est une bonne idée. 

Mais je disais que la vérité ne se décide pas par un vote à main levée. Malheureusement, dans une société relativiste, nous n'avons aucune autre façon de décider les questions morales, puisque la science ne nous dit rien sur ces questions. Pourtant, la plupart des gens acceptent encore que le bien et le mal existent. Sans direction morale, la société est un navire ballotté au gré des vents qui finira par s'échouer. C'est évident que nous nous dirigeons vers cette fin, particulièrement lorsqu'on regarde notre taux de suicide parmi les plus hauts en occident et notre taux de natalité parmi les plus bas.

Les sciences physiques ne sont rien d'autre qu'une appréciation raisonnable des faits manifestés dans le monde matériel. C'est le christianisme qui a donné à la science le prestige dont elle jouit et qui l'a perfectionnée en mettant au point la méthode scientifique. De même, la morale est l'appréciation de la valeur du comportement humain. L'antiquité nous a donné un système éthique très développé, mais c'est le christianisme qui nous l'a transmis et qui l'a perfectionné. En fait, le christianisme nous présente le système moral le plus parfait qui soit tel qu'exprimé dans le Sermon sur la montagne.

mardi 27 août 2013

Depardieu et la culture

Je lisais les propos de Gérard Depardieu disant qu’il se sentait « citoyen du monde » avant de se sentir Français, ou quelque platitude du même genre. Ça m’a fait penser au fait que lorsque Dieu s’est fait homme, il n’a pas triché. (Oui Dieu s’est fait homme, on ne peut pas être chrétien sans le croire, au cas où vous ne seriez pas au courant, on ne peut pas être chrétien et penser que Jésus-Christ a seulement été un grand homme comme Gandhi ou Socrate).

Je dis qu’il n’a pas triché en ce sens qu’il a voulu être pleinement homme avec tout ce que cela implique de contingences. Il ne s’est pas incarné en super-héros capable de sacrer une volée aux méchants Romains en train de le flageller comme aucun homme n’avait été flagellé selon quelques visionnaires dignes de créance. Il aurait pu, mais c’eut été tricher puisque même un homme fort comme Spartacus n’a pas cette possibilité. Il ne peut pas lancer des rayons lasers de ses yeux au magistrat inique prononçant une infâme sentence de condamnation. Il ne peut pas non plus décider de cesser d’éprouver la douleur lorsque la situation devient problématique (comme lorsqu’on est cloué sur une croix par exemple).

Pour être pleinement homme, il doit passer par tous les stades de développement, de l’utérus au sépulcre. Il doit aussi, et là est le lien avec le propos de Depardieu, s’inscrire dans une culture. S’il était arrivé comme venant de nulle part, sans culture particulière, « citoyen du monde », il n’aurait pas été pleinement homme. Remarquez, comme pour les autres pouvoirs auxquels il a dû renoncer, que cela lui aurait grandement facilité la tâche. On se rappelle la scène, lorsque Jésus commence à annoncer la Nouvelle aux gens de son patelin. Ceux-ci résistent d’autant plus fortement qu’ils partagent intimement sa culture.

Les nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. » (Marc 6, 1+) Donc, s’il était venu comme « citoyen du monde », son message aurait mieux passé. C’est ce que je veux dire par « il se serait facilité la tâche ». Mais il n’aurait pas été pleinement homme… Il en aurait été de même s’il avait eu des super pouvoirs. Le texte continue :

Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle…

Oui car Jésus, on le sait bien, c’est aussi les miracles… En quoi sont-ils si différents des pouvoirs de super-héros? Le passage ci-dessus le dit bien : en ce qu’ils nécessitent la foi de l’autre pour être effectifs. Contraintes que n’ont évidemment pas Superman et Wonder Woman. Ni Gérard Depardieu, sans doute.

lundi 26 août 2013

L'originalité du christianisme

J’en étais à parler avec la mère d’une de mes amies qui est une fervente du nouvel âge et du « toutes les religions sont pareilles en réalité » et elle a voulu que nous abordions le thème de cette fameuse charte de la laïcité. Pour elle, qui a l’opinion, il me semble, de 75% des québécois d’aujourd’hui et qui a élevé ses enfants de façon laïque, il ne fait aucun doute qu’empêcher les femmes de porter le voile soit une absurdité. Il est aussi évident pour elle que la prière lors du conseil municipal soit une absurdité. Il y a un désir de liberté d’un côté, et de l’autre, il ne faut pas trop faire exprès pour déranger.

La difficulté, c’est que ce n’est pas vrai que les religions sont toutes pareilles. Si je puis me permettre de rappeler, dans un premier temps, que toutes les religions qui ne relèvent pas du monothéisme (à savoir les cultes grecs, l’hindouisme, le bouddhisme et toutes les formes de panthéisme que les colons ont pu trouver en arrivant sur ce qu’ils appelaient de nouvelles terres) considèrent que l’être humain n’est pas un être particulier dans la nature, mais qu’il est plutôt partie intégrante de celle-ci. Qu’est-ce à dire? Qu’il faut prendre bien garde d’élever l’être humain au-dessus de ce qui l’entoure. On voit la montée du végétarisme, ce n’est pas qu’une question de bien s’alimenter en essayant de s’éloigner des produits chimiques et de la production industrielle (et je dois avouer que je prône quand même le végétarisme dans le contexte industriel actuel qui ne concède aucune forme de respect pour l’animal et la nature), mais c’est surtout fondé sur une donnée spirituelle forte qui est celle de former un tout. L’homme, dans ce type de spiritualité, est une goutte appelée à se fondre dans l’océan. Plus il réussit à se fondre dans l’océan, plus il atteint la sérénité. Cet océan, c’est ce qu’il y a de véritable en-deça du visible. Les disciples de Bouddha sont, par exemple, appelés comme lui à se détacher du monde, suite au constat de toutes les agitations et des souffrances qui s’y trouvent, pour atteindre ce qu’il a nommé le nirvana (extinction). Quand Bouddha a constaté que le monde était souffrance, il a cherché le moyen de s’en extraire.

Dans un deuxième temps, je voudrais souligner l’originalité du christianisme, et plus précisément celle de la mystique chrétienne. Chez tous les partisans des religions ci-haut nommées, le désir foncier est celui de s’extirper du monde visible afin d’atteindre la véritable réalité. Même son de cloche au niveau des Grecs, que ce soit dès l’origine (avec le monde des Idées de Platon) ou encore avec le néoplatonisme (notamment Plotin) qui préconise une fuite du « seul vers le Seul ». Avec Jésus, quelque chose de scandaleux se passe (on ne mesure pas aujourd’hui, tellement nous sommes pétris de christianisme, à quel point il est horrible de penser, pour un Juif, que Dieu s’incarne, c’est-à-dire qu’il devienne chair, fini, limité) : Dieu, qui est toutes possibilités, hors de toutes catégories, devient chair, et non seulement devient-il chair, mais Il nous encourage à manger son corps et à boire son sang. Mais qu’est-ce que cela? Il n’y a rien comme ça auparavant. Cette cène n’est pas seulement importante, elle est cruciale, elle est centrale, elle est le cœur du christianisme. D’un coup, la matière, jusqu’alors vécue comme un badtrip consensuel acquiert une importance insoupçonnée : la matière va désormais servir le culte, non pas seulement par symbolisme ou par offrande (je pense aux cultes judaïques), mais comme une présence réelle de Dieu, réitérée à chaque occasion. Il ne s’agit plus, pour le mystique, de quitter le monde matériel pour atteindre Dieu, il lui faut maintenant apprendre à vivre avec la matière, la prendre comme ce qu’elle est c’est-à-dire un instrument de déification.

Enfin, les religions ne sont pareilles que pour ceux qui n’en pratiquent aucune de façon fervente. Les religions ont toutes leur magnificence, mais il ne faut pas charrier. Il y a peu de mouvements d’aide aux pauvres chez les hindous pour la simple et bonne raison qu’il y a des castes et que certaines difficultés font parties du fatalisme qui est propre à leur worldview. Notre religion fondatrice, c’est le catholicisme. Rappelons-nous en et réjouissons-nous plutôt que d’en pleurer.

L'islam ou l'athéisme?

Il paraît qu'il y aura une sorte de rassemblement d'islamistes le 7 et 8 septembre au Palais des congrès de Montréal. Un bloggeur qui dit avoir entendu ces fous prêcher dans les années 1990 sur les rues d'Algérie "avec pour résultat plus de 200 000 morts et d'infinies souffrances" conclut ce qui suit:
Je m'élève de toutes mes forces contre le laxisme des autorités canadiennes et je fais totalement mienne la Charte des valeurs québécoises. Il faut de toute urgence évacuer le religieux de la sphère politique. 
Ces deux phrases sont très révélatrices. D'abord, on voit que la Charte des valeurs québécoises est beaucoup plus qu'une loi visant à interdire les symboles religieux ostentatoires chez les employés de l'État. Tout le monde comprend que le véritable objectif de cette charte sera d'interdire la religion en public. Un affront direct à la liberté de religion. Les commentateurs étrangers l'ont compris et ils s'indignent. Les Québécois l'ont compris et ils s'en réjouissent. Quelle honte.

Ensuite, je le dis souvent, la "religion" n'a rien de différent de n'importe quel autre système que j’appellerais un worldview.  Il y a des worldviews qui sont dangereux, d'autres qui sont pacifiques, et la plupart d'entre eux ont des problèmes de cohérence interne, y compris le worldview athée. L'athéisme (ou le laïcisme) a tout ce qu'il faut pour qualifier de fausse religion. Une religion non théiste qui forme des fanatiques et des intégristes, qui obscurcit l'esprit et divise les gens et qui méprise les autres qui n'ont pas les mêmes opinions. Étant donné que toute personne possède un worldview, une façon de régir sa vie fondée sur des préceptes acceptés comme vrais (des croyances), prétendre qu'il faut évacuer le religieux de la sphère politique (publique?) revient à dire qu'il faut arrêter de faire connaître ses opinions en public, à moins que l'on accepte la définition athée de "religion" et qu'on considère comme valides seulement les opinions de ceux qui professent le système athée.

En ce qui concerne l'islam, la personne qui est incapable de distinguer l'islam radical des autres formes de cette religion souffre d'une terrible myopie. À ce que je sache, ce n'est pas l'islam qui est responsable des quelques 49 à 78 millions de personnes tuées par Mao au nom d'une idéologie athée quasi-religieuse, ou les 20 à 50 millions tués par Staline pour promouvoir la Révolution. L'islam n'a pas les mains propres et le christianisme non plus, mais il serait ridicule de prétendre qu'ils sont plus dangereux que l'athéisme qu'on nous sert ad nauseam dans le Québec moderne.

La définition qui fait de la "religion" quelque chose de différent dans sa nature que n'importe quelle autre philosophie régissant la vie d'une personne est une définition clairement biaisée en faveur de l'athéisme. S'il faut évacuer la religion de la sphère publique, commençons par instituer un État réellement laïque qui ne prend pas position en faveur de l'athéisme et qui permet à toutes les religions ou philosophies de vie d'exister sur le même pied et à tout le monde de s'habiller comme ils le veulent.